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20 septembre 2017 3 20 /09 /septembre /2017 22:15
 L'oubli de la nature vue comme un ennemi

L'oubli est un trouble dévastateur. Nous, les humains contemporains, avons oublié nos racines, nous avons oubliés nos dieux, et sommes maintenant occupés à essayer d'oublier notre sens moral. Nous nous sentons plus libres et moins soumis à la contrainte au fur et à mesure que nous oublions, inconscients que chaque trou de notre mémoire qui s'accumule nous éloigne de plus en plus de notre véritable identité. Nous nous construisons de fausses personnalités issues du vernis de nos dépendances aux plaisirs des sens, définissant la liberté comme une satisfaction sans limite, oubliant que toute individualité est conditionnée. Coupés de toutes communication avec notre, mère intérieure , nous nous trouvons sevrés de notre source de compassion jusqu'à en oublier l'empathie envers les autres créatures vivantes. C'est pourquoi beaucoup d'entre nous n'hésitons pas à éliminer tout ce qui ne fait partie de nous, ou ce qui ne se révèle d'aucun bénéfice pour nous. Ainsi, notre société est violente. Nous détruisons le corps dans le but de le sauver. .

Dr Robert E. Svoboda, in "Prakriti: votre constitution ayurvédique" Ed. Turiya , 2005

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13 avril 2016 3 13 /04 /avril /2016 15:23
Congrégations religieuses :  Un entrepreneuriat social articulant réflexion et prospection

Les congrégations religieuses sont engagées dans des choix qui engagent leur avenir. Devant l'ampleur et la complexité des mutations auxquelles elles doivent faire face , elles se sentent parfois démunies. Comment articuler le charisme et le sens, les orientations apostoliques à prendre et à mettre en oeuvre à moyen terme, et la gestion des ressources immobilières, humaines, financières?

Comme Saint Augustin à la chute de l’Empire Romain, nous vivons moins une crise que la fin d’un monde et la naissance douloureuse d’un monde nouveau. Notre époque de « transition fulgurante »[1] peut être caractérisée par une révolution technoscientifique qui crée des rencontres improbables, mais également par la prise de conscience tardive des conséquences de l’anthropocène[2] qui nous assigne à responsabilité sur ce qu’est une existence digne de l’homme pour les générations futures[3]. Personne n'est en mesure de prévoir la nature de cette transformation, tant sa vitesse est sans précédent ; aussi nous fait elle perdre le gout de l’avenir. Simultanément de nouveaux modèles d’organisation sociale capables de répondre aux défis de la révolution numérique se constituent. Une nouvelle économie de la co-élaboration, de la participation fondée sur des écosystèmes dynamiques est en gésine. De nouveaux schémas d’organisation plus coopératifs émergent avec des logiques d’arborescence, de partage et de cohabitation.

Durant le concile Vatican II Jean XXIII avait appelé à l'attention aux « signes des temps" afin de discerner à quoi Dieu nous appelle. Plus que jamais l'Église doit tenir compte des nombreux et rapides changements dans la vie humaine pour annoncer l'Évangile. L'attention aux "signes des temps" n'est pas une amélioration facultative de l'activité de l'Église, c’est une nécessité intrinsèque de sa mission, un devoir qui lui vient de son "éternelle jeunesse". Dans l’espérance, il incombe aux congrégations religieuses d’honorer leur vocation prophétique et d’illuminer le futur. Elles doivent être en capacité de témoigner des promesses du passé, de recevoir le don du présent et d’indiquer avec courage les chemins vers l’avenir.

Les congrégations religieuses sont désormais confrontées à un double défi :

  • Gestionnaire dans la mesure où elles doivent repenser leurs modèles économiques en tenant compte du vieillissement de leurs membres en Europe, du déplacement de leurs centres de gravité vers le pays émergeants, des actifs notamment immobiliers dont elles disposent, de l’évolution des institutions de tutelle qui régulent leurs activités en contribuant de moins en moins à leur fonctionnement.
  • Prospectif en développant une attitude d’interrogation du présent vis-à-vis d’un avenir qui n’est pas écrit à l’avance, qui n’est pas à subir. Un futur désirable est à construire de manière collaborative avec les acteurs publics et privés, laïcs et confessionnels de territoires d’implantation où les inégalités sont de plus en plus marquées.

Ce double défi renvoie au développement d’un esprit entrepreneurial source de joie qui demande aux communautés religieuses chrétiennes d’opérer un triple mouvement :

  • Réflexif en se retournant sur elles-mêmes et leur identité narrative pour se refonder à neuf. Les responsables de communauté doivent par la circulation de la parole, susciter chez chacun de leurs membres un mouvement de réflexion, de motivation et de responsabilisation collective.
  • Réciproque en suscitant de nouveaux rapports internes entre les supérieur(e)s et les sœurs (frères) avec une claire reconnaissance de la valeur des autres notamment des plus jeunes et de leurs membres extra européens. Il s’agit également d’enrôler et d’interagir avec de nouvelles parties prenantes parfois loin d’une démarche ecclésiale.
  • Jubilatoire motivée par une finalité qui englobe toute l’activité, cette finalité étant l’annonce de l’Evangile au monde et la satisfaction profonde et permanente de réaliser le désir de Dieu. Le bonheur d’entreprendre dans ce monde ne peut rester purement spéculatif, mais doit s’incarner dans la joie de vivre une expérience créatrice concrète.

De par leur charisme et leur implantation dans les territoires, les congrégations religieuses apparaissent particulièrement bien positionnées pour répondre aux attentes sociales de populations délaissées tant par les pouvoirs publics que par les entreprises marchandes. Dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la lutte contre les exclusions, elles peuvent offrir des réponses alternatives au mouvement de désintermédiation qui accompagne l’effacement inéluctable des institutions et la recherche individuelle de profits immédiats. Des opportunités d’accompagnement des solidarités émergentes au cœur de nos vulnérabilités s’offrent à elles. Comme le montre déjà certaines de celles qui ont témoigné dans cette journée d’étude, il convient qu’elles acceptent une certaine prise de risque pour développer une posture d’entrepreneuriat social qui :

  • Identifie des situations de statuquos dans les équilibres sociaux qui sont particulièrement insatisfaisantes ou injustes pour certaine groupes de personnes.
  • Exprime à partir des fondamentaux de leur congrégation, une vision inspirée par l’Evangile pour les personnes qui souffrent de ces statuquos.
  • Développe un modèle économique de transformation sociale en mobilisant des acteurs qui ne coopéraient pas jusqu’alors et en faisant appel à des techniques et des pratiques venues d’autres horizons culturels
  • Conçoivent des modes de diffusions systémiques permettant un essaimage ou une duplication en mode « open source » de leurs pratiques sur d’autres territoires ou d’autres congrégations à moindre coût.

Dans la lignée de la philosophie de l’action de Maurice Blondel et de la démarche prospective prônée par Gaston Berger, cette posture repose sur six vertus fondamentales. La première d’entre elle est le calme nécessaire à la prise de recul qui permet de conserver la maîtrise de soi. Vient ensuite l’imagination et la foi qui comme complément utile de la raison confère un regard différent et original sur le monde. L’esprit d’équipe est indispensable pour une action efficace tout comme l’enthousiasme qui pousse à cette même action et rend l’homme capable de créer. Le courage est essentiel pour sortir des chemins déjà tracés, innover, entreprendre, et en accepter les risques inhérents. Le sens de l’humain reste la vertu primordiale pour avoir conscience de son avenir, une communauté doit mettre en avant que « la gloire de Dieu, c'est l'homme vivant, et la vie de l'homme, c'est la vue de Dieu. » (Irénée de Lyon) Pour cela la culture doit jouer un rôle majeur. Elle permet d’appréhender la pensée de l’autre ; elle donne la possibilité de mieux entendre et comprendre ; elle montre, à travers ses différentes formes, comment l’homme peut prendre son destin en main.

La démarche prospective auquel sont appelées les communautés qui veulent entreprendre pour notre monde doit viser le temps long et l’avenir lointain. Un de leurs défis majeurs est la prise de risque dans un monde de plus en plus difficilement prévisible. Le second défi réside dans la finalité même de l’attitude prospective qui est non seulement de dégager ce qui pourrait arriver mais surtout ce que les hommes voudraient qu’il arrive. Les congrégations qui combinent une réflexion sur les actifs matériels et immatériels issus de leur histoire, à la prospection de l’entrepreneuriat social se mettent en capacité de se libérer de la fatalité et d’ouvrir la voir à une véritable construction de l’avenir. [4]

[1] Pierre Giorgini, La transition fulgurante, Bayard, 2014

[2] Bruno Latour , Face à Gaïa - Huit conférences sur le Nouveau Régime Climatique , Les empêcheurs de penser en rond, 2015

[3] Hans Jonas: Le principe responsabilité, une éthique pour la civilisation technologique, Cerf, 1979

[4] Gaston Berger, Jacques Bourbon-Busset, Pierre Massé, De la prospective : Textes fondamentaux de la prospective française (1955-1966), Ed. l’Harmattan, 2007

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24 mars 2015 2 24 /03 /mars /2015 22:27

 

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Dans une des lettres qu'Etty Hillesum écrivit du camp de Westerbork ( Pays Bas) en décembre 1942 nous pouvons lire :

 

" La révolte qui attend pour naître le moment où le malheur vous atteint personnellement n'a rien d'authentique et ne portera pas de fruits. Et l'absence de haine n'implique pas nécessairement l'absence d'une élémentaire indignation morale.Je sais que ceux qui haïssent ont toujours de bonnes raisons. Mais pourquoi devrions-nous choisir toujours la voie la plus facile , la plus rebattue ? Au camp , j'ai senti de tout mon corps que le moindre atome de haine ajouté à ce monde le rend plus inhospitalier encore. Et je pense avec une naïveté puérile peut-être mais tenace, que si cette terre redevient un jour tant soit peu habitable , ce ne sera que par cet amour dont le juif Paul a parlé jadis aux habitants de Corinthe au treizième chapitre de sa première lettre."

 

Dans la hiérarchie des charismes "La charité ne passe jamais. Les prophéties ? elles disparaissent. Les langues ? elles se tairont. La science ? elle disparaitra. Car partielle est notre science, partielle aussi notre prophétie. Mais quand viendra ce qui est parfait , ce qui est partiel disparaitra" 

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